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Arguments climato-sceptiques, deuxième

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Avec 2000 pages analysant plus de 9000 publications scientifiques parues depuis 2007, le dernier rapport du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) confirme à nouveau que le réchauffement climatique, depuis 60 ans, est principalement dû à l’impact humain. Pourtant, beaucoup de personnes se posent encore des questions à ce sujet. Les climato-sceptiques quant à eux n’abandonnent pas la bataille médiatique. Ils en sont réduits à utiliser des techniques de propagande qui malheureusement s’avèrent plutôt efficaces: répéter des arguments déjà réfutés par le passé, jouer sur les idées fausses sur le climat, simplifier à l’extrême ou, au contraire, utiliser un jargon hyper technique, manipuler l’opinion avec des graphiques biaisés, laisser planer l’idée d’une conspiration généralisée et, plus subtilement, utiliser les points faisant débat dans la théorie pour prétendre que l’ensemble est incohérent. Un deuxième article s’impose donc à propos de cette littérature climato-sceptique.

Simplifier à outrance: CO2 et plantes

Saviez-vous que, sous certaines serres, on augmente artificiellement le taux de CO2 pour améliorer le rendement? Peut-on en déduire que l’augmentation du CO2 observée dans l’atmosphère est une aubaine pour l’agriculture comme semblent le penser certains climato-sceptiques? Remarquons d’abord que « plus » ne signifie pas toujours « mieux », trop arroser une plante ne va pas forcément lui faire du bien. Si le CO2 est effectivement utile pour les plantes, l’équation « plus de CO2 implique plus de rendement » n’est pas aussi évidente qu’elle n’y parait. La réalité est effectivement plus complexe et la littérature scientifique est partagée sur la question. D’abord, sous serres, l’augmentation du CO2 s’accompagne aussi de la possibilité de contrôler différents paramètres comme l’humidité et la température. Malheureusement, en plein air, ils sont moins facilement contrôlables et seront probablement affectés par le réchauffement climatique: pluies erratiques, périodes de sécheresse, diminution de l’humidité du sol, etc.

Ensuite, un groupe de chercheurs s’est précisément intéressé à cette question en mettant en place une expérience grandeur nature cherchant à comprendre l’impact de cette augmentation de CO2 sur la végétation dans des conditions proches de la réalité. Dans ce programme appelé FACE, les plantes sont à l’air libre dans un environnement où le CO2 est artificiellement maintenu à une forte concentration. Les résultats ne sont pas aussi prometteurs que les expériences sous serres, notamment en terme de rendement.

Jouer sur les mauvaises compréhensions: CO2 et température

L’effet de serre est peut-être la notion la mieux comprise par le grand public: une augmentation de la concentration en CO2 contribue à une augmentation des températures. Un peu moins connu, une augmentation de la température implique aussi une augmentation du CO2 via le réchauffement des océans 1. La relation CO2/température est donc complexe et il est important de savoir que ces deux variables s’influencent mutuellement. Les climato-sceptiques pointent du doigt le fait que, par le passé, l’augmentation de la température précédait celle du CO2 (on le voit en analysant les carottes glaciaires) et cherchent à semer le doute auprès du grand public. Il n’y a rien de paradoxal dans ce phénomène de latence. La cause des réchauffements climatiques entre les périodes glaciaires et interglaciaires ne découle pas d’une augmentation de la concentration en CO2. Elle est à chercher dans les nombreux paramètres naturels dont on a déjà parlé dans le précédent article: activité solaire, activité volcanique, position de la terre par rapport au soleil, etc.

Répéter de faux arguments sur le climat: 15 ans de stabilisation

Nous avons déjà traité ce problème mais il est tellement à la mode qu’il est bon de préciser encore les choses. Les climato-sceptiques basent leurs observations sur une période de 15 ans commençant donc en 1998. Avoir choisi cette date comme première année de ce qu’ils appellent « période de stabilisation » n’est pas anodin car cette année fut particulièrement chaude. Par ailleurs, rappelons qu’il existe d’autres indicateurs de ce réchauffement qui sont aussi pertinents que la température atmosphérique et qui, eux, ne vont pas dans le sens d’une stabilisation (par exemple le réchauffement des océans). La période est de toute façon trop courte pour pouvoir en tirer des conclusions. Mais même si on se prête à ce jeu, on constate que depuis 15 ans la température terrestre augmente mais lentement.

De telles périodes de stabilisation ne surprennent pas les spécialistes. Bien au contraire, elles sont même prévues par les modèles. Les auteurs de l’étude (donnée en lien) soulignent bien que des périodes de ce genre ont été observées par le passé. Grâce à l’utilisation de modèles, ils montrent par ailleurs qu’on peut s’attendre à des périodes non pas de ralentissement mais de refroidissement au 21e siècle sur 10 voire 20 ans! Préparez-vous donc à voir les climato-sceptiques sortir le champagne…

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(Graphiques extraits de l’article cité).

Utiliser les vrais débats pour semer le doute: le calcul de la température moyenne

Calculer une température moyenne sur terre n’est pas une tâche facile. Les incertitudes liées à cette mesure sont mises en avant par les climato-sceptiques pour rejeter les conclusions sur le réchauffement. D’où viennent ces difficultés? Pour prendre un exemple, les scientifiques doivent prendre en compte l’influence des villes connues pour être plus chaudes que les campagnes. Si tous les capteurs sont en villes, cela peut donc engendrer un biais au final. De même, l’heure de relevé peut influencer les données collectées à long terme. Tôt le matin vous augmentez l’influence des nuits froides (vous comptez deux fois une nuit froide), en début d’après-midi celle des journées chaudes. Vous pouvez donc observer un léger décalage vers le chaud ou le froid suivant l’heure où vous prélevez vos températures.

Il existe plusieurs techniques pour reconstruire la température moyenne: 3 principales et d’autres qui ont été développées indépendamment par des chercheurs. Ces reconstructions utilisent soit des températures sur la surface des continents, soit une combinaison continent/océan. Or, quelle que soit la méthode de reconstruction utilisée, la tendance générale à la hausse est toujours vérifiée si on regarde sur une période suffisamment longue.

Enfin, certains chercheurs reconstruisent cette température moyenne sans même faire appel aux stations météorologiques. D’autres utilisent des données biophysiques (173 paramètres différents 2) pour reconstruire cette température (coraux, sédiments, stalagmites, documents historiques, etc.) et obtiennent les mêmes tendances à la hausse.

Manipuler les graphes

Voici un exemple de manipulation parmi d’autres, extrait d’une présentation de François Gervais (au début): le graphe qui suit prétend montrer que la température dans la basse troposphère n’aurait pas varié ces 30 dernières années.kjnsdfkftitled

Le lecteur averti notera qu’avec l’échelle des ordonnées, il est impossible de voir une quelconque évolution sur ce graphique. Le rapport du GIEC aux décideurs assène: « It is virtually certain that globally the troposphere has warmed since the mid-20th century ». Quand on dilate les ordonnées et qu’on trace la courbe des anomalies, la tendance est plus évidente:

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Source: http://www.globalwarmingart.com/wiki/File:Satellite_Temperatures_png

Conspiration: retour sur les modèles

Traiter ce sujet rendrait cet article beaucoup trop long mais je tenais à signaler une nouvelle vague de type conspirationniste qui fait grand bruit dans certains réseaux sociaux: le GIEC cacherait des données ou modifierait certains graphes trop gênants. On détiendrait la preuve ultime (puisqu’elle provient du GIEC!) que les modèles ne prédisent rien et qu’ils sont bons pour la poubelle.

Tout est parti d’une « fuite » du graphique qui suit, pendant les discussions liées à la rédaction du dernier rapport du GIEC: kjhsdfiuzerjfdLe graphique de gauche (dans la version préparatoire du rapport) a été remplacé par celui de droite (version finale). A gauche, on a l’impression que les modèles (FAR, SAR, TAR) sont très loin des températures observées. A droite, cette impression a disparu. Alors quoi? Le GIEC truque ses données, ses graphiques, pour ne pas avoir à se contredire? Les climato-sceptiques jouent ici sur une définition de la science comme un socle monolithique qui détiendrait une vérité unique. Chaque changement, chaque remise en cause de certaines parties de la théorie est l’occasion de proclamer l’incohérence de l’ensemble un peu à l’image de ce que font les créationnistes par rapport à la théorie de l’évolution. Si le graphique fut changé, ce n’était pas pour cacher un sein qu’il ne faudrait voir, mais tout simplement parce que ce graphique comportait des erreurs (cela arrive, rappelez-vous l’histoire du neutrino allant plus vite que la lumière!). Pour ceux qui veulent aller dans le détail, ils pourront consulter ces différents articles (anglais): 1, 2.

Consensus écrasant
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Le consensus est écrasant: 97% des climatologues sont en accord avec l’origine anthropique du réchauffement climatique (AGW en anglais). Faire appel au consensus n’est pas un argument d’autorité contrairement à ce que certains peuvent penser. Il s’agit simplement ici de refléter l’état de la connaissance sur un sujet donné. La majorité peut se tromper, mais cela reste rare. Pensez-y avant de balayer 40 ans de recherches d’un revers de main.

sham (FacebookTwitterGoogle+)

Notes:

  1. C’est ce que l’on appelle un feedback positif.
  2. Les anglophones pourront écouter l’auteur principal de cette étude sur cette vidéo: http://www.youtube.com/watch?v=oRa-yvQVLrs#t=97

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